Retraite par capitalisation : pays où se constituer une retraite ?

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Homme d'âge moyen regardant un graphique de retraite sur son ordinateur

En Suède, chaque salarié cotise obligatoirement via un compte individuel d’investissement, en complément du régime public. Au Royaume-Uni, le programme ‘auto-enrolment’ force les employeurs à inscrire automatiquement leurs employés à un plan de retraite privé. Les Pays-Bas imposent aux entreprises de proposer des fonds de pension gérés collectivement, tout en laissant une marge de manœuvre aux travailleurs indépendants.Certaines juridictions interdisent encore la capitalisation obligatoire, tandis que d’autres privilégient une coexistence étroite entre capitalisation et répartition. Les écarts de rendement, de sécurité et de solidarité restent marqués selon les choix politiques opérés depuis plusieurs décennies.

Comprendre la retraite par capitalisation et par répartition : deux visions opposées de la retraite

Derrière la question du système de retraite, deux approches cohabitent mais s’opposent franchement. La retraite par répartition, qui s’impose en France, se fonde sur un principe simple : les actifs financent par leurs cotisations les pensions des retraités du moment. Ce schéma fait de la solidarité intergénérationnelle une réalité concrète, la force du collectif venant l’emporter sur la logique individuelle. Votre pension repose ainsi sur le nombre d’années travaillées et sur votre niveau de rémunération, mêlant redistributivité et contributivité.

À l’inverse, la retraite par capitalisation occupe une place centrale dans de nombreux pays nordiques ou anglo-saxons. Ici, chaque individu se bâtit un plan retraite personnel, assurance-vie, PER, fonds de pension. Vos versements, couplés aux rendements générés par ces placements, déterminent progressivement le capital accumulé retraite et, par la suite, la rente viagère retraite. Ce modèle donne toute sa place à la performance financière sur la durée et à l’autonomie de gestion.

Avant de plonger dans les mécanismes en détail, quelques idées fortes permettent de poser le décor :

  • Répartition : l’équilibre entre actifs et retraités conditionne tout, avec une dépendance à la croissance salariale.
  • Capitalisation : l’épargne évolue au rythme des marchés, parfois avec de belles surprises sur les rendements, mais sans filet collectif garanti.

Le système retenu redéfinit la façon dont sont financées les pensions de retraite. Certains pays, comme la Suède, misent sur des systèmes hybrides, accordant une place à la fois à la répartition et à la capitalisation pour se prémunir contre les aléas. Le contexte démographique, la situation économique et le cadre fiscal local doivent alors être passés au crible pour façonner une préparation cohérente.

Pourquoi certains pays misent-ils sur la capitalisation ?

La montée de la capitalisation ne relève pas du hasard. Ce choix s’ancre dans de solides constats démographiques : quand la population prend de l’âge, la répartition se fragilise. Un nombre d’actifs en baisse, des retraités toujours plus nombreux : l’équation ne tient plus longtemps.

La solution, pour beaucoup ? Permettre à chacun de constituer sa réserve pour demain, selon ses propres efforts d’épargne et la dynamique des marchés. Les versements sur des plans retraite individuels ou collectifs, que ce soit en assurance-vie, PER ou fonds de pension, servent de tremplin pour bâtir un patrimoine de long terme. Ici, le taux de rendement interne devient la boussole de la future pension, déplaçant l’accent de la solidarité collective vers l’autonomie individuelle.

Dans les pays anglo-saxons, en Suisse ou aux Pays-Bas, le paysage est marqué par des fonds de pension puissants et une offre très large : assurance vie, PEA, PER, solutions immobilières comme les SCPI. Pour un expatrié, ces pays attirent avec flexibilité et transparence accrues.

Mais l’enjeu dépasse les chiffres. Ce mode d’organisation traduit un état d’esprit : chacun prend en main son avenir, pilote sa retraite, accepte la responsabilité de gérer ses risques. Les États, de leur côté, voient dans la capitalisation une manière d’attirer l’épargne de long terme, de soutenir les marchés et, surtout, d’alléger le poids du financement public. Reste à doser l’autonomie individuelle face à la nécessité du lien collectif.

Tour d’horizon des systèmes de retraite par capitalisation en Europe

À l’échelle européenne, la capitalisation adopte plusieurs visages. En Suisse, le fameux « troisième pilier » s’ajoute à la retraite publique en permettant à chacun d’investir, via une assurance-vie ou un fonds de pension, dans des placements défiscalisés. Les règles y sont stables, les taux de rendement jugés attractifs, un gage de confiance pour préparer l’avenir.

Aux Pays-Bas, les fonds de pension collectifs côtoient une régulation stricte : la pension de retraite locale dépend à la fois des marchés financiers et de mesures de sauvegarde pour sécuriser l’épargne des citoyens. On note régulièrement que le modèle néerlandais figure parmi les mieux classés du continent.

La Suède présente un modèle mixte novateur, mariant comptes notionnels et capitalisation régulée par l’État. Les salariés peuvent choisir librement les supports d’investissements, souvent encadrés fiscalement, pour ajuster selon leur âge ou leur profil de risque.

Pour ce qui est de la France, si la répartition continue de dominer, le PER et l’assurance-vie montent lentement en puissance, offrant des alternatives à ceux désireux de diversifier leurs solutions retraite. Les modalités d’imposition sur les retraits, le taux marginal d’imposition et la fiscalité sur les revenus du capital façonnent des environnements parfois très distincts selon le pays.

Voici quelques exemples concrets de modèles européens qui se démarquent :

  • Suisse : système stable, accessibilité, rendement compétitif et flexibilité au retrait
  • Pays-Bas : gestion collective puissante, régulation rigoureuse, résultats remarqués
  • Suède : liberté de choix, comptes notionnels, régime double public-privé
  • France : montée progressive des plans retraite individuels à côté de la répartition

Ce panorama souligne combien la gestion, la fiscalité et la prévoyance diffèrent selon les États. Le vrai choix ? Déterminer jusqu’où aller vers la sécurité ou la performance, sans jamais négliger la force du cadre légal local.

Quels critères prendre en compte pour choisir un pays où préparer sa retraite ?

La décision de préparer sa retraite par capitalisation à l’étranger se construit sur une évaluation précise de plusieurs critères. La fiscalité applicable aux plus-values, aux sorties en capital ou à la rente viagère de retraite peut transformer une stratégie gagnante en erreur de parcours. Au Luxembourg ou en Suisse, la taxation sur la sortie en capital reste souvent modérée. En France, au contraire, la rente bénéficie de certains avantages fiscaux mais doit composer avec les prélèvements sociaux.

Le taux marginal d’imposition local détermine le rendement net de votre préparation retraite. Il convient aussi de se pencher sur les conventions fiscales existantes : elles servent à éviter la double imposition, question clé quand les pensions sont versées au-delà des frontières. S’ajoute le rôle de la résidence fiscale du futur retraité, capable de modifier sensiblement la fiscalité globale appliquée à tous ses revenus.

Un autre point de vigilance concerne la solidité du système de retraite par capitalisation dans le pays ciblé : indice international élevé, gestion encadrée, fonds de pension strictement surveillés, autant de garanties recherchées pour la durée. Il faut aussi s’informer sur la possibilité de transférer ses avoirs, sur la flexibilité des retraits, sur l’âge légal d’accès au capital, et sur l’offre des régimes individuels.

Pour effectuer un choix éclairé, il s’agit donc de s’appuyer sur ces points déterminants :

  • Fiscalité sur retraits et plus-values
  • Encadrement et niveau de protection des placements retraite
  • Accès à des produits performants et variés
  • Existence de conventions fiscales permettant d’éviter la double imposition
  • Âge auquel le capital devient accessible

Tout se joue souvent entre recherche de rendement, sécurité du patrimoine, pression fiscale réelle, et ambitions personnelles. La retraite n’a plus de frontières statiques : elle se prépare comme on ajuste un projet international, avec discernement et recul face à des règles qui, elles, ne cessent d’évoluer.